Après les 4 mois d'hiver du Québec, nous avions besoin de passer quelques jours de vacances au soleil. Plusieurs destinations s'offraient à nous: Cuba, le Honduras, les Iles Turquoises, voire même le Pérou pour retrouver Max et Loulou ... Le choix devenait compliqué mais en feuilletant par hasard une brochure, nous sommes tombés sur les photos d'un temple Maya et d'un volcan au Salvador. C'est aussi à ce moment là que Yoann s'est souvenu que sa soeur, Emmanuelle, y avait passé un an en 86-87 (en pleine guerre civile) chez sa famille du côté de sa mère ; nous avions trouvé l'endroit où nous voulions passer nos vacances. Soleil, sites fabuleux, plage et surtout la possibilité de rencontrer la famille Frot vivant au Salvador.
Jour 1: Départ le 13 avril à 7h du matin (levé à 4h du mat' ... ça c'est pas le coté "fun" des vacances !). Après 5 heures d'avion et 2 heures de bus nous voici enfin arrivés à l'hôtel Royal Descameron Salinitas. Eh bien croyez nous ... si un jour vous souhaitez aller au Salvador c'est dans cet hôtel qu'il faut descendre ! Toutes les chambres ont vue sur l'océan, avec balcon et la déco est superbe !
Après avoir posé nos affaires, nous voici au bord de l'eau en maillot .... et très vite dans l'eau (parce que 35° c'est chaud !!!). Vers 18h Yoann décide d'appeler sa famille franco-salvadorienne ... surprise ... ils ont passé toute l'après-midi sur la plage du Descameron ! Nous voici partis à la rencontre de ces cousins du bout du monde. En voyant un grand roux à la peau blanche (tout le monde a compris qu'on parle de Yoann), ils n'ont aucun doute ... Sont là pour nous accueillir: Don Robert (le cousin germain d'Edith, la maman de Yoann), Roberto (le fils de Don Robert) et le cousin de Roberto. On fait les présentations et nous sommes invités à prendre l'apéritif dans la maison dans laquelle ils résident pour le WE. C'est avec plaisir qu'on retrace l'arbre généalogique de la famille Frot. Don Robert nous fait part de nombreuses histoires de sa vie, on déguste des apéritifs typiques du pays. Mais il faut nous quitter ... les 2 français sont un peu fatigués par leur voyage. Le rendez-vous est pris pour le lendemain matin.
Jour 2: Départ vers 10h avec Don Robert, Roberto, Linda (la femme de Roberto) et leur petit garçon Christian. Au programme de la journée: la route des fleurs, visite d'une Finca (plantation de café) et promenades en tout genre. Notre journée débute par la visite de petits villages typiques qui se trouvent sur ce que les salvadoriens appellent "La route des fleurs" (cette route de 36km traverse la principale région productrice de café et offre une multitude de variétés de fleurs):
- Nahuizalco: nous assistons à la procession de Pâques et Yoann, contre tout conseil, décide de goûter à un met typique à base de purée de yuca et de porc frit. Quand on sait ce que les porcs mangent !
- Salcoatitan: nous visitons un magasin de meubles ... ce qui au passage nous donne des idées de business pour l'avenir et nous découvrons une fabrique de café abandonnée,
- nous traversons un petit village qui nous donne l'occasion d'oberver les tapavientos (c'est ce quadrillage que l'on observe sur les montagnes et qui protège les plants de café du vent),
- arrêt dans une magnifique Finca pour déjeuner. Par chance les caféiers sont en fleurs et dégagent une douce odeur de jasmin.
Don Robert partage son savoir avec nous et notre guide nous passionne pour ce merveilleux pays,
- Apaneca est la ville la plus haute du Salvador (visite d'une petit église et achat de café et de tissu dans un très beau magasin haut en couleur).
Jour 3: Départ vers 9h avec la famille Frot pour de nouvelles aventures: petit virée au bord du Lac Coatepeque (un des 10 lacs les plus beaux au monde) et visite d'un magnifique village du nom de Suchitoto.
Pour accéder au lac Coatepeque qui se trouve dans un ancien cratère, il faut gravir le volcan. La route est sinueuse et pentue (Don Robert nous explique combien la récolte du café est difficile et périlleuse). On essaie de monter au Cerro Verde (une montagne à partir de laquelle on peut observer le cratère du volcan Izalco) mais à cause de la récente éruption, l'accès est interdit. Notre déception est rapidement oubliée à la vue du magnifique lac.
Très peu d'hôtels et de maisons sont construits sur les rives, cet endroit semble avoir été préservé, une seule route mène au rivage. Petit arrêt dans un café qui offre une vue panoramique du lac (sur lequel, soit dit en passant, Emanuelle a appris à faire du ski nautique).
Nous aurions bien fait du bateau mais le temps presse, la route est longue jusqu'à Suchitoto (Linda nous confie qu'elle adore ce village: c'est la Antigua au Guatemala mais avant le tourisme !).
Sur la route on découvre une ancienne coulée de lave sur laquelle des maisons improvisées ne cessent de se construire.
L'accès y est pourtant interdit !
Petit arrêt à San Salvador chez Roberto et Linda d'où on a une très belle vue de la capitale.
Après un long voyage sur des routes parfois dangereuses (traversées par les vaches et animaux en tout genre, mais également par une foule de personnes !), nous arrivons enfin à Suchitoto.
Ce village de 16 300 habitants est magnifique. Les bâtiments coloniaux et les rues pavées désertes nous offrent une nouvelle vision du Salvador loin de la capitale. Le calme et la propreté règnent .... nous avons l'impression d'être les seuls touristes présents.
Les espagnols en avaient fait la capitale du Salvador au XVIe siècle. Plus récemment, la ville a été le théâtre des premiers combats de la guerre civile.
Un français a ouvert il y a un an un très bel hôtel dont voici une photo (personellement je vous déconseille cet hôtel ; malgré son charme, le propriétaire, un parisien !!!, est vraiment désagréable).
En revanche un autre hôtel, tenu par des allemands, offre une vue imprenable sur le lac de Suchitoto.
Quant à l'Eglise du village, elle est tout simplement magnifique, observez le coeur sur le haut du bâtiment.
Le retour à l'hôtel est tardif et c'est non sans une certaine émotion que nous disons au revoir à nos guides puisque nous n'aurons plus l'occasion de les revoir d'ici la fin de notre séjour. Encore une fois un grand merci pour cette visite du pays à Don Robert, Roberto, Linda et Christian.
Jours 4-5: Après avoir passé deux jours riches en visites et en découvertes, nous décidons enfin de profiter de notre hôtel, de sa plage et de ses eaux très chaudes. En gros nous avons fait les moules pendant deux jours pour que Julie rentre bien bronzée et que ma peau de roux prenne quelques coups de soleil. Nous en profitons donc pour jouer aux professeurs d'histoire-géographie.
El Salvador est le plus petit pays d'Amérique Centrale et c'est le seul qui donne uniquement sur le Pacifique. Si vous avez du mal à le situer, c'est le pays entre le Guatemala, l'Honduras et le Nicaragua.
Mais ce petit pays compte quand même plus de 6 millions d'habitants, ce qui en fait le plus dense d'Amérique Centrale avec environ 300 habitants/km2. C'est très impressionnant de voir partout des petites maisons, même dans les contrées les plus reculées. D'ailleurs dans ces parties du pays un peu oubliées du gouvernement, c'est le système D qui prévaut, surtout en terme de transport.
Le pays est très valloné puisqu'il est situé sur la ceinture de feu du Pacifique et il possède pas moins de 23 volcans dont les plus connus sont l'Izalco (l'ancien Phare du Pacifique dont l'activité a cessé en 1966), le volcan San Salvador qui surplombe la capitale et le volcan Santa Ana qui a fait éruption en Octobre dernier.
Du côté historique, El Salvador a connu plusieurs civilisations en commençant par les Olmec en 2000 av. JC suivi des Mayas jusqu'au XIème siècle (vous verrez par la suite notre visite de 4 sites Mayas), remplacés par les Pipiles jusqu'à l'arrivée bien sûr des espagnols au XVIème siècle. El Salvador, ou plutôt la Fédération d'Amérique Centrale, a gagné son indépendance en 1821 et le petit pays s'est dissocié de cette fédération en 1841. A cette époque la principale ressource du pays est devenue le café qui remplaça le commerce de l'indigo. Au début du XXème, les produits dérivés du café représentaient 95% des revenus du pays, mais cette richesse n'était partagée que par 2% de la population.
Pour tenter de résoudre les injustices sociales et économiques, des partis menés par des figures emblématiques (dont la principale est Farabundo Marti assassiné en 1932) ont vu le jour. Le parti actuel de gauche (FMLN) a d'ailleurs préservé son nom. Après plusieurs promesses non tenues de différents gouvernements pour réduire les écarts, la guerre civile a éclaté en 1980. La guérilla a très vite pris les parties Nord et Est du pays. Suite au succès de la révolution socialiste au Nicaragua, les Etats-Unis, en pleine Guerre Froide, ont décidé de soutenir le gouvernement salvadrorien en injectant plus de $6 milliards. Pendant 12 ans, cette guerre civile a conduit au massacre de 75 000 personnes (militaires et civiles), a vu comme dans tant d'autres pays d'Amérique Latine la naissance d'escadrons de la mort et a conduit près de 2 millions de salvadoriens à émigrer principalement aux Etats-Unis (et au milieu de tout ça, Emmanuelle a vécu 1 an en 1986 chez Don Robert!!!).
Mais le Salvador s'est très vite remis de cette guerre civile puisqu'en une dizaine d'années, il est devenu le pays d'Amérique Centrale le plus prospère. Ses richesses sont le café, la canne à sucre, un sol fertile grâce à la roche volcanique et surtout une population très travailleuse. Le pays reste cependant sous perfusion etatsunienne puisque le dollar US est devenu la monnaie du pays et que de nombreuses familles vivent grâce à l'argent envoyé par les salvadoriens exilés aux Etats-Unis. Le dernier point noir du Salvador est l'émergence d'un gang de jeunes: la mara salvatrucha est née à Los Angeles pour faire face aux gangs mexicains et noirs de la ville. La mara est devenue tellement puissante et violente que les Etats-Unis renvoient ses membres dans leur pays d'origine où ils deviennent un fléau.
Voilà pour cette "courte" pause culturelle... et pendant ce temps à Vera Cruz (enfin plutôt Salinitas), on profite d'un beau coucher de soleil sur le Pacifique.
Jour 6: C'est malheureusement sans la famille de Robert que nous nous sommes aventurés sur la Route Maya. Au programme, Joya de Ceren, las ruinas de San Andres, Casa Blanca et Tazumal. Départ donc de l'hôtel en bus vers le premier des 4 sites de la journée.
- Joya de Ceren: Situé à quelques kilomètres de la capitale San Salvador, ce site Maya a été préservé grâce à l'éruption du volcan Laguna Caldera en 600 ap. JC. Les cendres dégagées ont par chance recouvert ce village qui est aujourd'hui l'unique site Maya permettant d'observer la vie quotidienne des petites gens de cette civilisation. C'est ce qui a d'ailleurs encouragé l'UNESCO à le déclarer Patrimoine Mondial de l'Humanité.
De nombreuses fouilles restent à faire, mais malheureusement les techniques de conservation de ces sites ne le permettent pas (les constructions sont faites à base de terre et sont donc très sensibles à l'érosion).
- Las Ruinas de San Andres: Plus impressionnantes par leur taille que Joya de Ceren, ce site propose deux temples Mayas à moitié découvert au milieu d'une verdure luxuriante. Selon les experts, jusqu'à 12 000 Mayas vivaient sur ce site.
- Casa Blanca: Ce site offre deux petits temples au milieu d'un bois. L'intérêt principal de sa visite est de voir comment l'añil, plus connu sous le nom de l'indigo, était produit. Les fleurs d'añil étaient mélangées à de l'eau dans des grands bassins. Après de longues heures de trempage, l'eau colorée était filtrée et conservée dans des bacs. Le Salvador a été un grand producteur d'indigo jusqu'au milieu du XVIIème siècle.
- Tazumal: Le Temple Maya le plus impressionnant du Salvador était le théâtre de nombreux sacrifices. Après une cérémonie un Maya était sacrifié au sommet du Temple et si la coulée de son sang n'atteignait pas le pied de l'édifice, une autre personne était sacrifiée.
C'est également dans les petits magasins près du site que nous avons pu commencer notre collection de têtes Mayas (des pièces rares pour nous, Occidentaux, mais qu'il était possible de ramasser sur ce site il y a encore une dizaine d'années).
Jour 7: Ce voyage devait être aussi des vacances, c'est pourquoi notre dernière journée à El Salvador a été consacrée à la plage. Nous en profitons donc pour retracer une toute petite partie de l'histoire de Don Robert puisque certains doivent se demander "Depuis quand Yoann a-t-il de la famille au Salvador?"
Ingénieur en electricité, le père de Robert a eu des missions en Amérique Centrale. Il y a rencontré la mère de Robert dont la famille possédait des plantations de café à Santa Ana, deuxième ville du pays.
Robert a passé la première partie de sa vie dans le bordelais où il était viticulteur. Vers 35 ans, l'envie de retrouver ses origines l'a conduit à poser ses valises au Salvador. Il est, comme il le dit lui-même, passé "de la viticulture à la caféiculture" et apparemment il existe de nombreuses similitudes.
Tombé amoureux de ce pays, il vit là-bas depuis près de 50 ans maintenant. Même si le désir de retrouver le sol français lui tient à coeur, son temps de vie dans son pays d'adoption est aujourd'hui plus long que dans son pays de naissance. Après avoir laissé la caféiculture, il est devenu professeur (autodidacte!) au lycée français de San Salvador alors qu'il avait quitté l'école à l'âge de 12 ans après avoir terminé HEC (Hautes Etudes Communales comme il aime à dire). Il a ensuite présidé l'Alliance Française au Salvador et il occupe maintenant ses journées à donner des concerts au théâtre de Santa Ana (il est baryton) et continue de donner quelques cours de français pour gagner de l'argent (et oui la retraite, ça n'existe pas vraiment au Salvador). En tout cas, il nous a épaté par sa forme physique durant les deux jours de visite puisqu'on avait presque du mal à le suivre.
Les enfants de Robert vivent aujourd'hui à La Réunion pour sa fille, au Mexique pour son fils aîné, au Guatemala pour un autre fils, à San Salvador pour le troisième (Roberto) et son fils cadet vit actuellement au Brésil (à se demander de qui ils tiennent!). Alors forcément, ça nous donne quelques petites idées pour des voyages futurs.
Jour 8: Au programme bus et avion pour un retour en soirée sur Montréal.
Et bien voilà, notre semaine au Salvador est déjà terminée. On rentre avec plein de souvenirs et comme il nous reste plein de choses à voir là-bas et en Amérique Centrale, il y a de grandes chances que nous y retournions ("Si Dios quiere!" comme diraient les Salvadoriens).
Et bien sûr les traditionnels albums El Salvador pour voir le reste des photos clasées par thème. Une fois l'album ouvert, n'hésitez pas à cliquer sur Diaporama pour avoir les commentaires sur chaque photo.